Les limites techniques dans le sport

    La technologie fait partie intégrante de notre société. Elle est présente dans de nombreux domaines, le sport en faisant inévitablement partie. Elle se met au service des performances humaines dans le sport et de la sécurité de l'athlète. Ainsi, les progrès technologiques sont permanents et ce phénomène entraîne indéniablement de nouveaux records.Nous montrerons dans un premier temps l'évolution de ces technologies et leur bénéfice sur les performances puis nous analyserons les limites de ces technologies avec les polémiques et l'adaptation des fédérations internationales.



A/ L’évolution des techniques au cours des années

La technique ne se limite pas à la période contemporaine, elle a toujours été un sujet d’actualité. Chaque période a ses inventions, ses matériaux avant-gardistes ce qui crée des périodes dans l’histoire du sport.



a) Première grande époque de la technique

L’acier étiré provoque toute une série de nouveauté à la fin du 19ème siècle. Il transforme les barres fixes orientant la gymnastique vers quelque chose de beaucoup plus acrobatique et moins en force. Cet acier transforme également beaucoup d’engins et de moteurs en associant résistance et maniabilité.
En 1911, le journal le Temps voit déjà dans le vélo avec un cadre en acier et des pneus en caoutchouc une vraie machine d’industrie avec la technique la plus avancée.
A partir des années 1930, l’arrivée des alliages d’aluminium provoquent une nouvelle révolution. Cette fois le travail se fait sur deux qualités, la légèreté et l’élasticité. Cette découverte bouleverse notamment l’alpinisme.
Après la seconde guerre mondiale, ces alliages mieux connus modifient beaucoup d’objets sportifs, les perches de l’athlétisme, les potences d’aviron, les vélos ou même les skis. Dans le cas des skis par exemple, ils modifient tellement l’accrochage à la neige qu’ils permettent l’invention de la posture de recherche de vitesse en 1950.
Cette période est suivie d’autres tout autant révolutionnaires.



b) Arrivée des fibres synthétiques et des dérivés plastiques


Le milieu des années 1960 marque une nouvelle grande révolution dans la technologie sportive, l’arrivée des fibres synthétiques et des dérivés plastiques.
Elles révolutionnent par exemple les sauts en athlétisme, les aires de réception construites de blocs de mousse ou de polyester permettent les chutes sur le dos. Ceci va aboutir à la célèbre révolution du saut fosbury.

Les outils raquettes, skis, tremplins, sont refaits les uns après les autres avec ces matières moulées. Les fibres sont souvent implantées en lames pour associer au mieux la déformation et la solidité, deux points importants. Il faut des surfaces étirée pour mieux glisser et des matières stratifiées pour mieux rebondir. Ceci va amener beaucoup d’engins de glisse tel que le surf, la planche à voile ou même l’hydroptère, célèbre voilier mi-bateau, mi-avion, construit pour traverser l’atlantique en un temps record. Il est également inspiré de beaucoup de techniques aérospatiales.
Cette période qui est le troisième bouleversement technologique pour le sport a eu une grande importance et est toujours très actuelle.



c) L’électronique


L’électronique a amené un changement radical dans les années 1980. Le micro-ordinateur est plus qu’un instrument de calcul aidant à inventer la technique, il devient embarqué sur les engins et un outil aidant le sportif.
L’informatique a d’abord été utilisée dans le cockpit des voiliers. Par exemple dans la French Kiss chaque concurrent de la coupe de l’américa 1987, embarque plus de 300 kg de matériel qui a seulement un temps de réaction de 1,25 secondes pour relever les capteurs de gîte, l’anémomètre, le speedomètre, angle de barre, position du bateau, compas électronique… et de tout synthétiser sur les écrans devant les équipiers. Une révolution encore d’actualité et très utilisée aujourd’hui, heureusement le volume et le poids du matériel a diminué !
L’électronique a aussi révolutionné la F1 avec l’introduction de puces puis les boîtes de vitesse avec pilotage automatique, toutes les données sont programmées ou encore dernièrement les casques avec visières qui font écran et affichent toutes les données pour le pilote sans qu’il n’ait à tourner la tête.
La vidéo permet à l'athlète de modifier son geste et lui faire prendre conscience de ses défauts pour améliorer ses performances.


d) Les produits illicites


Le dopage s'est développé à mesure que les disciplines sportives devenaient professionnelles. D'après le Comité International Olympique :" Le dopage consiste à administrer des substances appartenant à des classes interdites d'agents pharmacologiques et/ou utiliser diverses méthodes interdites."
Le rapport de synthèse sur le dopage et les pratiques sportives du CNRS donnent 6 raisons de se doper :
  • Accroître le potentiel aérobie : augmenter l'oxygénation des muscles
  • Augmenter la puissance musculaire 
  • Diminuer la sensation de fatigue
  • Opérer des modifications morphologiques
  • Lutter contre le stress
  • Masquer la prise de médicament en diluant les urines (diurétiques)


B/ Les limites de l'évolution technologique



La technologie apporte des progrès incontestables dans la pratique du sport, mais il faut garder à l’esprit de toujours situer l’athlète au centre des préoccupations, et ne pas laisser place aux dérives. Un certain nombre de règles doit donc être respecté.


1) les limites liées à l'adaptation physique de l'athlète au nouveau matériel

L'évolution du matériel a fait évoluer dans certains cas les techniques. Pour le saut à la perche, par exemple, l'évolution de la matière de la perche a fait évoluer la technique de la course d'élan et la façon de s'élancer en l'air en déployant plus de puissance dans le bras pour contenir l'impact violent de la torsion de la perche quand elle tape dans le butoir. L'évolution technologique trouve donc ses limites dans la capacité physique de l'athlète à utiliser les nouvelles technologies. La physiologie de l'athlète ne peut pas toujours s'adapter à toutes les innovations technologiques.


Evolution des matériaux constituant une perche au cours du temps


2) les limites liées à la menace de l'équité entre sportif

a) La part humaine du sportif dans cette course à la technologie

Toutes ces nouveautés ont donné et donnent encore lieu à beaucoup de polémiques. Elles ne sont pas nées avec l’arrivée de l’électronique mais bien avant. Dans les années 1920, Desgrange, cycliste et créateur du tour de France, avait interdit l’usage du dérailleur sur le Tour de France, prétextant que l’athlète n’avait plus d’importance face à l’engin.
En 1986, Greg Lemon avait sorti au dernier moment un prolongateur ajouté à son guidon qui permet de gagner en vitesse pour une même puissance musculaire développée, grâce à un meilleur aérodynamisme de l'ensemble machine-athlète. Ici le vainqueur est-il le meilleur ou celui qui avait secrètement et astucieusement amélioré son équipement ?
Dans le cas de la Formule 1, on peut se demander si la performance est liée plutôt au pilote ou à la voiture.
Une grande question est donc la place que prend ce matériel sur l’athlète lui-même et sur sa performance. Il est étonnant d’entendre dire d’anciens sportifs olympiques, «oui la technologie a pris le dessus dans notre sport ». Par exemple, en natation la technologie a une importance de plus de 70% sur la performance sportive. Pire encore en voile où on l’estime dans certains cas à plus de 80%. De plus tous les sportifs n'ont pas accès à ces technologies d'où une inégalité dans la place et la part humaine du sportif dans la performance.


b) L'équité entre sportif face au coût de la technologie


Le premier problème qui se pose pour un athlète est d’ordre financier. Tous ces développements technologiques coûtent. C'est donc l’argent qui permet le développement technique et qui amène ensuite la victoire. Le vrai problème devient l’accessibilité de la technologie à tous les athlètes qui est compromise. Tous les athlètes, clubs ou fédérations nationales ne peuvent pas se payer le même matériel, les mêmes études technologiques. La technologie accentue donc l'inégalité dans la course à la performance à cause de son coût.


3) Les limites liées aux risques de dénaturer un sport encadrées par les fédérations


Dans presque tous les sports, le matériel autorisé est réglementé par la fédération internationale. La fédération joue un grand rôle. Elle autorise ou non l'arrivée de nouvelles technologies et peut-être amenée à changer certaines règles.
Un exemple est la natation où beaucoup de choses sont réglementées comme les câbles pour réduire les vagues, les plongeoirs, l’eau, tous ces paramètres ont évolué et ont poussé la fédération à changer les règles. Par exemple pour le dos plus besoin de toucher le mur avec les mains.
Le plus grand changement est l’arrivée des combinaisons en lycra en 1998 permettant de comprimer le corps au maximum (surnommées double peau) pour un meilleur aérodynamisme. La fédération les a acceptées en 1999 et elle est revenue sur sa décision en 2009 en décidant de les interdire dès janvier 2010 pour ne pas dénaturer ce sport.



Un autre exemple est le cyclisme, l’UCI (union cyclisme internationale) voyant venir le cas de moteur dans les cadres de vélo, a en janvier 2005 ajouté un nouvel article dans son règlement. Il précise que la propulsion doit être assurée uniquement par les jambes. Ils sont également en train de mettre au point un système de contrôle des vélos et craignent, dans quelques années, l’arrivée de vélos photovoltaïques pouvant transformer la lumière en énergie.
Les règles sont également modifiées dans certains cas pour rendre un sport plus spectaculaire. En tennis par exemple, le passage des raquettes du bois aux fibres synthétiques (carbone, mélange de fibres de verres…) en 1980 a contraint la fédération à limiter la surface des raquettes. Sans cette restriction les joueurs faisaient des services que personne ne pouvait rattraper, cela rendait les matchs moins intéressants.


4) Les limites liées à l'usage de produits dopants

a)Les risques pour la santé de l'athlète


Le dopage nuit gravement à la santé du sportif. Aujourd'hui on peut affirmer que la prise de produits dopants peut avoir des conséquences d’une extrême gravité : accidents cardiaques et circulatoires, insuffisances rénales et hépatiques, cancers, impuissance, stérilité, troubles de la grossesse chez la femme enceinte...
Les méfaits du dopages opèrent sur toutes les fonctions de l’organisme : cérébrale, métabolique, cardiovasculaire, respiratoire et hématologique.


b)Les sanctions pour le sportif


Les sanctions disciplinaires prévoient l’interdiction temporaire voire définitive de participer aux compétitions ou de les organiser. Les commissions de discipline des fédérations décident de la peine applicable. L’échelle des peines est prévue par le règlement de chaque fédération. Ces sanctions sont prononcées soit à l’encontre des sportifs convaincus de dopage, soit à l’égard de ceux qui fournissent des produits dopants.

Aucune sanction pénale, amende ou emprisonnement, n’est prévue contre les sportifs qui se dopent. La loi préfère insister sur la prévention du dopage en renforçant le suivi médical des sportifs et sur les sanctions sportives (interdiction temporaire ou définitive de compétition).  

L’entraîneur ou le médecin qui ont organisé le dopage sont passibles de sanctions pénales (5 ans d’emprisonnement et 75000 euros d’amende).


    Les moyens techniques dans le domaine du sport n’ont cesser d'évoluer au cours du temps et ont permis de battre les records. Cependant ces évolutions techniques doivent permettre à l'athlète de se réaliser sans mettre en cause son intégrité physique et morale et là les différentes fédérations sportives jouent un rôle essentiel pour éviter la course à la technologie à outrance au détriment de l'équité entre athlète, de la suprématie du matériel sur l'athlète lui-même et de sa propre santé.




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